Ginette Kolinka rescapée du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau a ému les élèves venus l’écouter.

Mardi 08 octobre 2019, Ginette Kolinka, déportée au camp d’extermination de Birkenau en 1944, est venue raconter son histoire aux 130 élèves de 3ème du Collège Jacques Prévert.
Monsieur Vauclair Professeur d’Histoire au Collège a souhaité faire venir Ginette Kolinka pour qu’elle apporte son éclairage personnel sur la Shoah et que les élèves rencontrent un témoin de cette guerre dont nous parlons en classe.
En s’emparant du micro, Ginette Kolinka, rescapée des camps âgée de 94 ans a toute l’attention de son auditoire. « Le 13 mars 1944, j’avais 19 ans. En rentrant chez moi à Avignon (Vaucluse), j’ai vu mon père, mon frère et mon neveu en face de deux hommes avec un manteau de cuir, se souvient-elle. Je n’ai pas demandé qui c’était, je le savais bien : c’était la Gestapo. »

Avignon, Marseille, puis Drancy, après trois jours pénibles dans un train de marchandise bondé, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau (Pologne). Son père de 61 ans est fatigué, son petit frère de 12 ans se sent mal. Alors quand les nazis proposent aux plus faibles de rejoindre le camp en camion, « Ginette » n’hésite pas. « Je leur ai dit de monter dedans, moi je pouvais marcher. Je ne leur ai même pas dit au revoir j’étais sûre de les retrouver en arrivant. » Elle ne les reverra jamais.
Les yeux fermés, Ginette Kolinka décrit ces camps quand elle s’adresse aux collégiens. Les niches trop étroites pour y dormir à six, les toilettes infâmes, le manque de nourriture, les rouées de coups quotidiennes, le pull-over et la jupe qui ne la quitteront pas de tout le séjour, le manque d’hygiène... Elle reprend chaque détail avec beaucoup d’authenticité, expliquant comment « on perd tous ses sentiments dans un endroit comme celui-là ».
En avril 1945 elle est conduite à Bergen-Belsen puis Theresienstadt (République Tchèque). Le camp vient d’être libéré. De retour en France, Ginette apprend que sa mère et 4 de ses six sœurs sont toujours en vie, dans leur ancien appartement à Paris. C’est là-bas qu’elle reprend peu à peu une vie normale.
A la sortie de la salle, après deux heures 30 de récit chargé d’émotions et de questions posées par les élèves, les collégiens de Verson réalisent ce qu’ils viennent de vivre. On leur rappelle qu’ils sont la dernière génération à pouvoir rencontrer des anciens déportés. C’est à eux de devenir des passeurs de cette histoire et d’éviter que de telles atrocités puissent se reproduire chez nous ou ailleurs. « Les jeunes écoutent et sont émus sur le moment, reconnaît-elle. Mais surtout en devant adultes ils doivent empêcher la haine de continuer à exister. »